Tristan est-ce que vous pouvez nous parler un peu de ta pièce “Des plans sur la comète”?
Au début j’ai eu envie d’écrire pour des femmes déjà avant tout parce qu’il y a vraiment une disproportion entre le nombre de rôles masculins et le nombre de rôles féminins.
J’avais à cœur de mettre les femmes à l’honneur et j’aime bien quand dans les comédies que j’écris j’ai une situation très forte de comédie mais que ça nous donne aussi à réfléchir, que ça nous questionne.
J’aime beaucoup les comédies Britanniques comme “Quatre mariages et un enterrement” c’est-à-dire mêler beaucoup des situations de comédie forte et d’émotions. J’aime autant qu’on puisse à la fois rire énormément d’une situation et être ému.
Donc dans “Des plans sur la comète” j’ai eu envie de confronter les grandes problématiques de l’univers à nos petites problématiques à nous et de voir comment petits humains nous nous débattions au milieu de cet univers.
Pour vous est-ce que les femmes sont aussi compliquées à comprendre que de résoudre une équation de physique quantique et les questions de l’univers?
C’est très juste ce que vous dîtes. Il y a pour moi il y a quelque chose d’insondable chez l’être humain comme il y a quelque chose d’insondable dans l’univers.
Je n’aime pas être manichéen, je n’aime pas donner toutes les réponses mais que des pistes et que des ouvertures je dis toujours c’est ça qui me plaît. Je me dis toujours que dans “spectateur” il y a acteur et que j’essaie dans tout mon travail d’écriture et de mise en scène de faire participer le spectateur, de lui donner les clés d’une situation mais aussi de le laisser travailler.
C’est pour ça que j’aime beaucoup utiliser l’ironie dramatique: donner quelques clés aux spectateurs, il joue avec, il a un temps d’avance et j’aime jouer avec ça : il croit avoir un temps d’avance et en fait il s’aperçoit que finalement il n’a plus autant de temps d’avance que ce qu’il imaginait.
Il y a effectivement beaucoup de twists dans cette pièce. C’est la première fois que vous jouez cette pièce en Avignon, comment se passent vos débuts ?
Les débuts sont assez idylliques je dois avouer, nous sommes très heureux. Nous avons eu une résidence en région parisienne pour roder le spectacle.
Je dirais qu’on bénéficie de deux choses : évidemment de Turing, il y a beaucoup de gens qui viennent voir parce que j’ai fait la “Machine de Turing” mais ce qui est assez formidable c’est que ce sont deux spectacles complètement différents et je le revendique. On a d’un côté un biopic, un drame historique et de l’autre une comédie certes intelligente mais qui revendique aussi le fait d’être un divertissement léger avec une profondeur vers les étoiles.
J’ai beaucoup de gens qui ne seraient pas forcément venus voir ce spectacle si je n’avais pas fait “La Machine de Turing” et qui en ressortent très heureux. La plupart disent : “ça fait du bien, c’est du rire intelligent”, et moi ça me touche particulièrement.
Rappelons que “La Machine de Turing” a remporté quatre Molières pour quatre catégories différentes. Est-ce que vous pensez que l’avis du public est un peu biaisé et que ces récompenses ont poussé le public à venir voir un de vos deux spectacles ?
Je dirais pas biaisé, mais ça les encourage c’est certain. J’avais une autre pièce ici qui avait très bien marché qui s’appelle “Rupture à domicile” avec Olivier Sitruk pour laquelle j’avais été nommé aux Molières comme auteur et donc je croise aussi beaucoup de gens qui ont vu cette pièce.
Parfois il y en a qui n’ont pas vu “La machine de Turing” par exemple qui viennent voir “Rupture à domicile” et après “Des plans sur la comète” parce qu’ils ne vont voir entre guillemets que des comédies.
J’aime beaucoup le public avignonnais parce qu’il est transversal et qu’il s’autorise beaucoup de choses et ça ça me fait plaisir.
C’est vrai que vos deux pièces sont complètement différentes donc pas de risque de cannibalisation pour vous ?
Non ce ne sont pas des spectacles qui se mangent l’un l’autre. Mais il y a des filiations car j’ai exactement la même équipe artistique sur les deux spectacles que ce soient les décors, les costumes, la lumière, la vidéo ou la musique.
C’est compliqué de dire ça de ma part mais il y a une part de ma mise en scène commune entre les deux spectacles, sur deux univers très différents mais on retrouve la façon dont je peux aimer diriger les acteurs. C’est une comédie dont j’ai essayé qu’elle soit la plus élégante possible.
Qu’est-ce qui vous inspire tant dans vos comédie d’amour Tristan ?
J’aime beaucoup les êtres humains, profondément je suis passionné par les êtres vivants.
Vous voyez, vous avez de la chance de ne pas me raconter trop de choses personnelles là et que ce soit juste une interview car vous pourriez les retrouver dans quelques mois, dans quelques années dans l’un de mes spectacles.
J’adore les conversations, j’aime beaucoup les rapports humains, profondément et je suis à l’écoute de ça et c’est ça qui m’inspire pour écrire. J’aime toujours et je suis un amoureux de la situation dramatique forte, c’est tellement important pour moi. Quand on me propose des mises en scène, je me pose la question de savoir quels sont les enjeux des personnages.
Ce qui m’a inspiré ma pièce ? C’est assez drôle, c’était un soir à un dîner, j’ai un ami qui arrive avec une femme beaucoup plus jeune que lui et tout le monde le charrie en lui disant “ah tu as choisi une petite jeune tu cherches la jeunesse” et je ne sais pas pourquoi ça m’agace. Je réponds alors “Elle aussi” et tout le monde me dit que je dois plaisanter et je rétorque que dans une société où on nous demande d’être toujours jeune et bien cette femme en étant avec un homme plus âgé restera toujours jeune à ses yeux et qu’elle aussi quelque part recherche la jeunesse.
Ils sont donc ensemble pour les mêmes raisons. Et je me suis dit tiens il y a un fil, il y a quelque chose à tirer. C’est de là d’où est venu l’envie d’écrire “Des plans sur la comète”. J’ai pensé à plusieurs personnages féminins et j’ai réfléchi à trouver comment une situation dramatique forte : quoi de mieux que la meilleure amie qui tombe amoureuse du père n’est-ce pas ? Le tout sur fond d’univers, ma pièce était toute trouvée.