L’homme qui plantait des arbres, quand Giono reprend vie en Avignon

L’homme qui plantait des arbres, quand Giono reprend vie en Avignon

Découvrez cette pièce tous les jours à 15h50 et 17h50 à l’atelier 44. 

Je ne connaissais pas cette œuvre de Jean Giono, et je n’ai pas eu le temps de m’ennuyer une seconde ! Un comédien sur scène, trois musiciens et un thème central : la nature.

Véritable ode à l’écologie, à la nature sauvage et indomptable, Giono donne à rêver qu’à l’instar d’Elzéar Bouffier, nous sommes tous des bâtisseurs du futur : des planteurs de vie.

Je n’arrive pas tellement à déterminer ce qui prédominait : le texte ou la musique. Je pense que cette pièce est une belle harmonie entre deux paroles : les notes et les mots qui s’entrelacent pour rendre compte d’un texte puissant.

Laurent Chouteau, le comédien, est touchant d’authenticité. Un jeu simple et épuré, sans effet, m’a permis de découvrir le texte sans me soucier du jeu. Entre Ravel, Beethoven et Schubert, j’ai été plongée en pleine forêt, au cœur de la verdure. Le récit d’un homme seul, avec ses arbres.

Thème prédominant chez Giono que la solitude, j’ai trouvé le parallèle entre l’énergie de la musique et l’ennui qui prédomine souvent dans les personnages de cet auteur. Il dépeint avec tant de force les campagnes, les paysages et surtout la place de l’Homme parmi la nature, que de le transposer au théâtre est un pari risqué.

Avec François Bernard, chef d’orchestre et responsable musique et jeune public à l’Opéra de Saint Etienne, les trois musiciens sont sublimés. On retrouvera Denis Kracht-Noël au marimba, Sven Riondet à l’accordéon et Damien Schulteiss à la clarinette. Trois passionnés qui donnent de la couleur à cette pièce.

A découvrir en famille, entre amis ou seul c’est bien aussi !

La Victoire en chantant, un devoir de mémoire musical

La Victoire en chantant, un devoir de mémoire musical

Crédit photo : Matthieu Camille Colin

Retrouvez ce spectacle musical tous les jours au Théâtre Notre Dame à 15h00.

La Victoire en Chantant, 1940, c’est un retour sur la seconde guerre mondiale à travers des chants populaires et des textes célèbres.

De Louis Aragon à Marcel Aymé en passant par Paul Eluard, 8 comédiens chantent l’oppression et la liberté.

Un devoir de mémoire poétique et brillamment abordé par Raymond Acquaviva le metteur en scène. Accompagnés par un.e accordéoniste, les comédiens retracent la résistance, l’occupation, les bombardements et le renouveau. Un espoir croissant tout au long de la pièce, qui naît de quelques notes de musique. La victoire en chantant est très intéressante dans sa construction, très colorée malgré la noirceur d’une époque macabre. On y découvre des personnages attachants, drôles, mais meurtris au plus profond de leurs êtres. Des civils endoloris par les pertes, le rationnement, mais un peuple français qui chante sa volonté de s’en sortir. 

Une mise en scène chorégraphiée au millimètre, un décor épuré laissant place à de superbes costumes.


Des voix au service de chants mémorables comme Le chant des partisans ou encore Cabaret Paris qui portent le spectateur en lui faisant presque oublier l’horreur de la guerre.
Des comédiens aussi bons chanteurs que danseurs, vous pourrez retrouver sur scène Pierre Boulben, Louise Corcelette, Benoît Facerias, Philippine Martinot, Quentin Morant, Fabio Riche, Lani Sogoyou et la splendide Josephine Thoby. L’énergie de ces jeunes comédien.nes est contagieuse !

Le plus du spectacle : le choix d’une programmation en diptyque. Les jours impairs vous pourrez parcourir la première guerre et les jours pairs la seconde.

Un bon moyen pour les jeunes et moins jeunes de re-découvrir de sublimes textes portés par des comédiens engagés et pétillants. 

Le Monte Plats

Le Monte Plats

Quand Harold Pinter s’invite à Avignon

Retrouvez tous les jours le Monte Plat à 12h45 au théâtre des Barriques.

Marc Poublan le metteur en scène nous emporte dans l’univers d’Harold Pinter.

Pièce en un acte datant des années 60, Le monte plats est un huis clos entre deux hommes, coincés dans une chambre à attendre. Attendre un signe de celui qui les engage.
Au bord du théâtre de l’absurde, cette pièce traite de l’attente, d’ambivalence et de rivalité. Une rivalité tacite entre ces deux personnages qui se jaugent, s’observent et sont liés par un contrat, une mission meurtrière.

Dans une tension palpable, nos deux comédiens Marc Poublan et Thomas Rabeisen sont dépendants des ordres qui arrivent du fameux monte-plats. 

Dans une ambiance quasi cinématographique, nos tueurs à gages Ben et Gus évoluent tout au long de la pièce.

Pour un premier Avignon, je salue le jeu de nos deux comédiens. Malgré un rythme un peu complexe à trouver, les intentions sont claires et présentes.

Une pièce qui se dévore en une seule bouchée : plongez dans un duel dramatique, au cœur d’une chambre d’hôtel. 


Pièce facilement accessible aux jeunes et moins jeunes. 

Le prisonniers du château d’If, Alexandre Dumas renaît à Avignon

Le prisonniers du château d’If, Alexandre Dumas renaît à Avignon

Crédit photo : Emeric Gallego

Spectacle disponible tous les jours à 18h20 au Théâtre des Barriques.

Cette pièce est tirée de l’œuvre d’Alexandre Dumas, Le Comte de Monte Cristo. Elle retrace les années d’emprisonnement d’Edmond Dantès au Château d’If.


Alors qu’après de longues années de captivités, Edmond Dantès sombre peu à peu dans la folie, il fait la connaissance d’un personnage singulier : l’abbé Faria.

Un lien secret et intime va se tisser entre les personnages, rendant leur captivité moins solitaire. Une histoire de transmission durant laquelle nous découvrirons le mystère du trésor des Spada.

La compagnie des Kapokiers joue cette pièce depuis 2013 en France et à l’étranger. Plusieurs fois récompensée, c’est avec une équipe renouvelée que la compagnie fait son grand retour sur les planches.

Une mise en scène sobre signée Gabriel Laborde, dans laquelle il interprète avec brio Edmond Dantès. Une métamorphose époustouflante de Thibault Truffet qui prend plus de trente ans dans son rôle d’abbé.

J’ai rarement pu voir un tel jeu. J’ai été bluffée par cette transformation, une voix et un corps de vieillard dans une enveloppe charnelle de trentenaire. L’inspecteur, interprété par le ténébreux Alexis Chevalier, ponctue l’intrigue de quelques visites. Tantôt défenseur des opprimés, tantôt vieillard fatigué, il apporte au récit une dynamique incontestable. Le Geôlier joué par Arnaud Mattlinger m’a beaucoup touchée.

Sa morosité laisse place sur la fin de la pièce à une douceur et un respect de l’humain insoupçonné. Pas un effet, pas une fausse note pour ces quatre comédiens de talent.


La scène se transforme en prison, où paille, pierres et parchemins font place à l’amitié naissante de nos deux protagonistes. Une création lumière et une scénographie sombres et efficaces. Nous sommes plongés dans l’humidité de cette prison, dont les effluves de tristesse nous transportent.

On assiste durant toute la pièce à une mise en lumière de la condition humaine. Deux hommes privés de leur liberté, pour d’injustes raisons, face à leur solitude. Puis l’Autre arrive comme secours à cette noirceur de l’âme, l’Autre comme échappatoire, comme tremplin vers le savoir et l’amour.



J’ai rarement eu une aussi belle fin de festival. Moi qui suis plutôt adepte des formats courts, je n’ai pas vu passer les 1h25 de spectacle. Des comédiens qui nous donnent à voir la quintessence de l’âme humaine : ses failles, ses forces et son savoir. Un grand merci pour ce vrai moment de spectacle. C’est pour ce genre de pièce que j’aime le théâtre. Chapeau bas les artistes !

Vivante !

Vivante !


Vivante ! c’est tous les jours au théâtre la Scierie à 18h55.

Toi lecteur, derrière ton ordinateur, ton portable ou ta tablette : es-tu à ta place? 

Et si Eve était venue avant Adam ? Non pas pour lui être attribuée mais en tant qu’être unique et singulier ?

“Regarde mon orange, Maman est un albatros, à poil ! Écoute mon orange, Maman fait chanter sa langue et son cul, Maman s’envoie en l’air pour toucher Dieu !”

Vivante, c’est l’histoire d’une femme gâteau sec, qui aurait voulu être une brioche. Un petit bout de femme, d’une puissance rare. Anne Louise de Ségogne, seule en scène avec son arbre et ses fruits défendus, nous conte ce que c’est que d’être une femme. Avoir des désirs, être seule sur Terre, seule créée pour l’homme.

Quelle est sa place : sa place au plateau, sa place dans ce monde de diktats permanent ? On accompagne ce personnage dans sa vie, de ses échanges avec son créateur à sa vie de femme puis de mère. Une belle ode à la vie qui questionne sur le rôle de chacun sur cette Terre.

Une mise en scène drôle et grinçante de Julien Pillot qui donne à Anne Louise toute la latitude pour interagir avec le public. De grands moments de rire mais surtout de questionnement.

Une pièce qui traite de manière singulière de dignité, d’appartenance et de solitude : lorsque la femme, l’humaine au cœur d’un système se retrouve à l’arrêt, à s’interroger sur l’amour de l’autre. 

 
Vivante ! a été pour moi une rencontre, une rencontre avec la femme qui est en moi, une introspection sur ce que je suis. Un beau moment de poésie que je recommande !


Mise en garde : stroboscopes