Avec le Paradis au bout, quand les enfants de la brèche nous racontent leurs histoires, d’hier à demain.
Quatre comédiens qui jouent au milieu de sacs plastiques, quatre comédiens qui nous immergent dans l’Histoire, de 1989 à nos jours, bienvenues dans Avec Le Paradis au bout.
« J’arrête, J’ai mal au monde
Tu veux un Smecta?
Et si cette phrase vous fait sourire, faites attention: j’en souffre depuis très longtemps.”
Voilà ce que Florian Pâque, auteur et metteur en scène, nous propose dans la pièce Avec le paradis au bout.
On retrouve sur scène Tiphaine Canal, David Guez, Lisa Toromanian, et Florian Pâque qui tantôt nous font rire, d’un rire aussi jaune que leur affiche d’ailleurs, tantôt pleurer.
Avec le Paradis au bout, c’est indescriptible. Je vous avais déjà dit que c’était un réel coup de cœur, et bien ce nouveau visionnage de la pièce me le confirme. Cette pièce aura été mon coup de coeur mais pas seulement: vainqueurs des Floréales Théâtrales 2018, et coup de coeur du Off 2018, cette pièce ne cesse de faire parler d’elle.
Le 9 novembre 1989 : le mur de la honte est démoli, l’an 2000, le 11 septembre 2001 : les Etats Unis tremblent et le monde entier est rivé sur son écran de TV, ce sont autant de dates qui ont marqué une jeune génération. Une génération qui subit, la pollution, les erreurs politiques de leurs parents, les guerres, la pauvreté, la maladie, le réchauffement climatique: mais quel avenir avons nous ? Quel avenir pouvons-nous encore offrir à nos enfants?
Dans cette pièce, on revit avec les personnages les dernières décennies. On sourit beaucoup, on rit parfois, et on se rappelle. On s’interroge et on se questionne. Grâce à une scénographie impressionnante, où le plateau est entièrement investi, on est tout de suite immergé dans un autre monde, qui pourtant est bien le nôtre. La musique est une véritable aide pour recontextualiser les époques durant les différents tableaux. Même avec un espace scénique restreint, je réussi à chaque fois à voyager dans le temps grâce à cette pièce.
Rares sont les fois où je n’ai absolument rien à dire sur une pièce. Ni sur le jeu des comédiens, ni sur la mise en scène, les décors ou les costumes. Mais là, je suis ressortie de la pièce muette, sans rien pouvoir dire, juste penser les mots que nous propose Florian Pâque dans son écriture. Réfléchir, accepter la dure réalité qu’on nous crache à la gueule. La réalité crue, forte et dure. Mais peut-on simplement dire “Stop, j’arrête”, tout simplement déserter la réalité à abandonner le navire ? Peut-on dire “Non” ?
Alors bien sûr, il est trop tard pour gommer les erreurs et les atrocités du passé, mais il n’est pas trop tard pour tenter de construire aujourd’hui, le monde meilleur de demain. Car demain, il y a un après. Il y aura un après nous.
Vous avez des idéaux ? Vous aimez l’humour grinçant, les textes engagés, les remises en question sur notre société, une scénographie exceptionnelle, de l’énergie sur la scène ?
C’était cet été à Avignon Off 2019, au Théâtre du Grand Pavois. On espère que la Compagnie Le Théâtre de l’Eclat reviendra tout bientôt !