Ceux qui restent

Ceux qui restent

Crédit photo : David Bakhoum

Au Grand Pavois à 12h00 du 7 au 29 juillet 2023

Ceux qui restent, c’est l’histoire d’Annie, atteinte d’une maladie incurable. Son dernier souhait, pouvoir finir ses jours avec dignité. Elle demande alors à son fils Étienne de l’accompagner pour son dernier voyage : la Suisse où la législation autorise le suicide assisté. Comment Etienne va-t-il gérer ce voyage mère fils un peu particulier ?

Un spectacle écrit et mis en scène par Camille Prioul, qui réussit le pari d’éviter tout pathos. Une mise en scène simple et sans superflu, qui laisse aux cinq comédiens l’espace d’interprétation nécessaire à un sujet si lourd. Un jeu très subtil d’Anne De Peufeilhoux qui nous berce de douceur.

J’ai eu l’opportunité d’assister à la première de la pièce. J’ai été agréablement surprise par l’angle avec lequel Camille Prioul a abordé un tel sujet. De vraies questions posées : que deviennent ceux qui restent ? Comment pouvoir accompagner au mieux une personne en fin de vie qui souhaite partir ? Alors que six pays ont déjà légalisé l’euthanasie, où en sommes-nous aujourd’hui en France sur cette question d’éthique ? Une pièce sans jugement, qui retrace l’histoire d’une famille et d’une décision immuable.

Un moment émouvant et poétique, vous pourrez sans hésitation aller voir ou revoir cette pièce !

Tiquetonne, un doux OVNI se pose sur le Off

Tiquetonne, un doux OVNI se pose sur le Off

Crédit photo : Jean Sentis

Les jours pairs à 20h35 jusqu’au 24 juillet au Cabestan. Du 25 au 30 juillet tous les jours.

Tiquetonne est un personnage imaginaire sans âge, qui vit dans un univers lointain où le royaume de son enfance a été dérobé. Son oncle le monstrueux Siegfried tente en effet de remettre de l’ordre à la cour et dépossède sa nièce. Elle rencontre alors Gershwin dont elle tombe amoureuse, et le missionne pour récupérer son bien le plus précieux. Dès le début de son voyage, elle a perdu son “truc”, son petit truc à cause d’un faux mouvement.
Mais de quoi s’agit-il réellement ?


Une histoire complètement dingue sur le temps qui passe et le rêve : Tiquetonne est un voyage initiatique au cœur de l’imaginaire et de l’absurde. Avec un décor très épuré, Alexis Chevalier réussit à nous plonger dans cet univers fantasque et chimérique. Les accessoires sont primordiaux dans cette pièce : entre landau, marionnette et armée de balais, le spectateur fait appel à sa part d’enfance pour construire un songe avec les personnages. Énorme coup de cœur pour les costumes d’Elsa Muelas. Avec des matières tantôt très lourdes, vertes et rouges à motifs floraux, tantôt flottantes, Tiquetonne est sublimée par ses robes et ses coiffes ! J’ai été particulièrement bluffée par la dernière tenue avec une couronne de fleurs à deux pas entre la tradition Ukrainienne et les représentations de la vierge Marie : bravo !

Marguerite Kloeckner a le geste juste. Son corps fluet donne à son personnage des allures insectoïdes très intéressantes. Tiquetonne : comme le tic tac d’une horloge qui sonne délicieusement tout début et toute fin. Elle nous plonge dans une rêverie sans limite, dans un poème semé d’embûches. Ce clown plein de mélancolie cristallise beaucoup de maux de la société : la solitude, l’appartenance et le pouvoir en nous donnant une part d’espérance et de vie. Lorsque la comédienne revient à la réalité, on découvre une voix ferme et élégante : une puissance s’en dégage. Quel travail pour trouver les expressions désuètes de Tiquetonne, ses mimiques et sa gestuelle auxquelles on s’attache très rapidement. Pas un faux pas dans ce spectacle. Merci à la compagnie du Saut du Tremplin de m’avoir fait voyager dans cet univers complètement déjanté et pourtant si réel.


Marguerite Kloeckner et Grégoire Roqueplo forment un duo sincèrement touchant à voir de toute urgence !

13, love is all we need, quand de l’objet de la destruction naît l’amour

13, love is all we need, quand de l’objet de la destruction naît l’amour

Crédit photo : Jean Sentis

Tous les soirs à 20h35 à l’espace Roseau Teinturiers (relâches les mardis)

Pierre Azéma et Alex Metzinger adaptent dans 13 l’œuvre d’Erwan Larher Le Livre que je ne voulais pas écrire.
Le 13 novembre 2025, une date qui glace les mémoires de toutes et tous. Erwan est au Bataclan, il ne se rend pas tout de suite compte de ce qu’il est en train de vivre. Qu’est-ce qu’une bonne pensée dans ces moments d’horreur ? Doit-on penser à sa famille, ses amis, son/sa conjoint.e ? Erwan n’a pas pensé à tout cela. Écrivain, il part en quête de réponses à travers l’écriture de cet objet littéraire tant convoité. Ne pas surfer sur la vague marketing et capitaliste d’un simple témoignage, mais trouver un nouveau genre moins plaintif. Il va prendre conscience par sa guérison, que l’amour est le meilleur traitement du monde. 


Une pièce rock, qui ne va pas chercher le pathos, où musique et jeu se rencontrent. On retrouve Pauline Gardel à la musique qui accompagne avec brio Alex Metzinger. J’ai eu peur que le propos soit très dur à entendre pour nous spectateurs, et il s’avère qu’il est abordé avec beaucoup de justesse et de légèreté.


Une très jolie première en ce début de festival. J’ai eu néanmoins beaucoup de mal à rentrer dans la pièce. Un début compliqué avec beaucoup de personnages qui n’étaient pas forcément tenus. Une écriture complexe où le narrateur se mêle au témoignage poignant d’Erwan. Quelques très beaux tableaux, avec une création lumière et une scénographie magnifiques. Le moment où les comédiens se révèlent, c’est dans les moments de danse ou d’interaction. Ils forment un tout auquel le spectateur est particulièrement sensible.

13 est une très jolie pièce sur le rire, l’amour, l’amitié et le pardon. Le pardon et l’acceptation de soi et d’une situation. Elle parle de la peur, du temps qui panse les blessures et de libération par l’écriture.

Personnes photosensibles : stroboscopes